- Koi1Modérateur Général
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Qu'est-ce qu'un Rotifère ?
2012-11-14, 7:08 pm
Qu'est-ce qu'un Rotifère ?
par R. POURRIOT
Chargé de recherches au C.N.R.S., 91-Gif-sur-Yvette
Aquarama – 5e Année – N°13 – Janvier 1971
I. MORPHOLOGIE - ANATOMIE – SYSTEMATIQUE
par R. POURRIOT
Chargé de recherches au C.N.R.S., 91-Gif-sur-Yvette
Aquarama – 5e Année – N°13 – Janvier 1971
I. MORPHOLOGIE - ANATOMIE – SYSTEMATIQUE
L'attention des aquariophiles a été attirée depuis quelque temps vers les Rotifères en tant que source alimentaire pour les jeunes alevins, auxquels il est nécessaire de fournir une nourriture saine et de faible dimension.
Afin de mieux apprécier les services que peuvent rendre ces petits organismes – et leurs limites ! - il n'est pas inutile de les examiner avec attention.
En premier lieu, notons que les Rotifères sont des « métazoaires » c'est-à-dire qu'ils sont constitués de nombreuses cellules : environ un millier. Leur niveau d'organisation est donc supérieur à celui des « protozoaires », comme la Paramécie, constitués d'une seule cellule. Et cependant les Rotifères sont de taille voisine des infusoires Ciliés : de 0,005 à 1 mm. Ce sont d'ailleurs les plus petits des métazoaires.
1) Morphologie – Anatomie.
Le nom de Rotifère, de racines latines, signifie « porteur de roue ». cette désignation vient de la présence à la partie antérieure de ces animalcules d'un appareil ciliaire évoquant chez certains d'entre eux – les premiers observés – une double roue tournante. Celle-ci n'apparaît pas toujours au premier coup d’œil car, sous l'action d'un muscle, les couronnes ciliaires peuvent être rétractées à l'intérieur du corps.
Les deux couronnes ciliaires tournent en sens inverse et provoquent un courant apportant les particules alimentaires à la bouche. Chez les formes libres, l'organe rotateur sert aussi à la nage.
La forme générale du corps est très variée. Le corps est recouvert par un tégument généralement souple mais parfois assez épais pour devenir rigide et former une cuirasse. Certaines espèces à tégument mou secrètent un fourreau protecteur qui peut être une simple enveloppe mucilagineuse ou une logette plus élaborée.
La plupart des espèces possèdent un « pied », rétractile comme les couronnes ciliaires, terminé par des « orteils » ou un disque adhésif qui sert à la fixation. Ce pied a disparu chez queles espèces planctoniques qui ne se fixent donc jamais.(Asplanchna, Keratella, Polyarthera),
Asplanchna
Keratella
Polyarthera
dans l'échelle évolutive, bien que le plus souvent intégrés aux vers ronds dans les classifications systématiques, les Rotifères sont voisins des Turbellariés (exemple : planaires) qui sont des vers plats. Retenons pour simplifier que ce sont des vers ! En dépit de leur petite taille, leur anatomie interne est calqué sur le schéma commun à ces invertébrés.
Au microscope il est aisé de distinguer :
- un tube digestif avec un pharynx dilaté, musculeux, contenant des pièces dures, qui constitue un organe broyeur ou suceur caractéristique des Rotifères : le mastax. Il y fait suite un œsophage, un estomac, un intestin qui débouche le plus souvent dans un cloaque ;
- un système reproducteur comprenant ovaire, vitellogéne (organe produisant le vitellus, substances nourricière de l’œuf) et oviducte ;
- et également des systèmes nerveux, excréteurs, musculaires, primitifs bien sûr mais nettement différenciés, ainsi que diverses glandes, certaines à fonction inconnue.
L'image représente l'organisation schématique d'un brachion ♀ (Brachion rubens 0,3 mm).
Le ♂ chez les brachions, ne ressemble guère à la ♀. Bien plus petit – trois à quatre fois au minimum – il n'a jamais de « carapace » et sa forme est celle d'un petit sac conique. Sa nage est rapide et à la loupe, on le prend facilement pour un infusoire cilié !
Son organisation interne est, elle aussi, fort simplifiée : une ciliature primitive, un système nerveux réduit, un système excréteur et l'organe reproducteur, représenté par une énorme poche bourrée de spermatozoïdes (le testicule) se prolongeant par un pénis. Pas de tube digestif ! Le ♂ a une vie très courte (deux jours environ) et sa brève existence est vouée à la fécondation, dans les plus brefs délais, de centaines femelles, éventuellement sa propre mère ! De plus amples détails seront donnés au chapitre biologie.
Après ces descriptions, il est facile de concevoir que la détermination des espèces – taxonomie – est basée sur les caractères de la ♀ : forme de la « carapace » quand elle existe, structure du mastax ou de la couronne ciliaire, etc.
2) Aperçu sur la taxinomie des Rotifères
Les Rotifères sont généralement divisés en trois groupes (ou Ordres) très différents dans leur morphologie, leur anatomie, leur biologie et écologie.
1) Seisonides : tous marins, ♂♂ normaux, identiques aux ♀♀, d'aspect vermiforme,. Ciliature rudimentaire. Ces rotifères vivant en parasites externes sur les branchies de certains crustacées.
2) Digonontes : Bdelloïdes. ♂♂ absents. Reproduction par parthénogenèse uniquement. Organes reproducteur pairs. Leur aspect est également vermiformes Les Bdelloïdes peuplent essentiellement les mousses humides, la litière du sol. Quelques espèces sont rencontrées dans les étangs soit au sein de la végétation immergée soit dans les feuilles mortes du fond.
3) Monogonontes : ♂♂ petits, souvent inexistants. Un seul organes reproducteur. Plusieurs sortes d’œufs. Tous sont franchement aquatiques et pout la majorité d'eau douce. Séparés en trois Sous-ordres.
a) Flosculariacés : généralement fixés (sur des plantes aquatiques) . Stades larvaires seuls libres dans ce cas. Quelques espèces libres :
Filinia
Pedalia
Conochilus.
Colonie de Conochilus
b) Collothecacés : presque toujours fixés. La couronne ciliaire est transformée en une nasse qui sert à piéger les petites proies (flagellés, ciliés...) dont se nourrissent ces animaux. Exemple :
Stephanoceros fimbriatus
c) Ploïmes : toujours libres. Pied à deux orteils, quand il existe. Plusieurs familles. Type : Brachionus décrit ci-dessus.
C'est dans ce groupe que se trouvent les espèces les plus intéressantes pour l'aquariophilie. Quelques-unes des formes planctoniques les plus communes en étang sont figurées dans les photos ci-joints : Asplanchna, Synchaeta, Polyarthra, Filinia et Pedalia sont des formes à tégument souple ; Brachionus et Keratella possèdent une carapace rigide
Asplanchna priodonta
Synchaeta pectinata
Polyarthra dolichoptera
Filinia longiseta
Pedalia sp.
Brachionus calyciflorus
Keratella cochlearis
Keratella quadrata
De petite taille, se maintenant bien au sein de l'eau elles peuvent à peu près toutes être élevées au laboratoire : les élevages les plus faciles sont ceux des Brachionus (plusieurs espèces) et des Keratella type quadrata possédant deux épines postérieures qui peuvent atteindre en tubes à essai des densités considérables (50 individus et plus par millilitre), s'ils sont correctement alimentés (voir chapitre élevage).
II. BIOLOGIE
Dans le précédent chapitre, nous avons donné une idée de la variété des formes et de quelques caractères remarquables des Rotifères. Tout aussi curieuse est leur biologie. Nous prendrons essentiellement des exemples dans le groupe des « Plïmes », le plus intéressent en aquariologie et nous évoquerons successivement la locomotion, la reproduction, et l'alimentation de ces animaux.
1) Locomotion
Disons un mot des Bdelloïdes qui représentent un mode de locomotion qui leur est particulier et analogue à celui des Sangsues. Fixé par le pied, le Bdelloïde allonge son corps vers l'avant, se fixe par la partie antérieure, ramène le pied à l'avant puis nouvelle extension, etc. les Bdelloïde peuvent aussi quitter leur support et nager quelque temp grâce aux couronne ciliaires... à la recherche d'un autre support !
Les autres rotifères libres et non planctoniques sont également de médiocres nageurs. Les mouvements cilaires leur permettent de progresser en ligne droite le long d'un substrat, le plus souvent.
Les Ploïmes planctoniques se déplacent selon un mode de nage variable avec les espèces. On distingue trois type de nage :
a) L'animal se déplace en ligne droite, tout en restant fixe par rapport à son axe longitudinal. (Asplanchna) ;
b) La trajectoire reste droite mais l'animal tourne autour de son axe longitudinal. (Hydatina) ;
c) Le Rotifère tourne autour de son axe longitudinal et avance en décrivant un trajet hélicoïdal. (Brachionus, Pohyarthra).
2) Alimentation
Le mode d'alimentation des Rotifères dépend pour une grande part de la structure de leur « mastax ». or chez les Ploïmes celle-ci est très variée. En voici quelques types :
a) Mastax broyeur : bon nombre d'espèces planctoniques (et les Bdelloïdes également) ont un mastax de ce type. Ce sont des microphages : les courants ciliaires apportent à la bouche de petites particules vivantes (algues, bactéries) ou non (détritus fins) qui sont avalées et broyées.
b) Mastax suceur : très répandu chez les espèces vivant dans la végétation. Ce mastax a généralement deux rôles : celui de percer et de sucer. Nous choisirons de exemples parmi beaucoup d'autres.
- Rotifères végétariens. Ceux-ci se nourrissent d'algues filamenteuses ou de grandes formes d'algues unicellulaires. Les parois des algues sont tout d'abord percées grâce aux fortes dents dont est pourvu le mastax (qui affleure à la bouche). Puis le contenu de la cellule algale est aspiré dans le pharynx et refoulé vers l'estomac.
- Rotifères carnivores. Ces espèces s'attaquent soit à des infusoires ciliés soit à d'autres Rotifères. Les ciliés sont percés et vidés comme l'étaient les algues précédemment. Quant la proie est un petit Rotifère, elle est alors aspirée entier et non sucée. Mais dans tous les cas le mastax agit comme une véritable pompe aspirante et refoulante !
Il existe dans ce groupe un choix de la nourriture par les Rotifères : chaque espèce sélectionne son menu en fonction de ses goûts qui diffèrent parfois fortement d'une espèce à
l'autre dans un même genre ! Ainsi on en connaît qui ne s'attaquent qu'aux Stentos (infusoires ciliés) ; d'autres se nourrissent exclusivement d'algues du genre Closterium, etc.
c) Mastax préhenseur : cette fois le mastax est transformé en une pince pouvant saillir à l'extérieur de la bouche. Le but est évidemment de s'empare de proies – généralement d'autres Rotifères – qui sont aussitôt avalés. Ce type existe aussi bien dans le plancton (Asplanchna) que dans les espèces de la zone à végétation.
3) Reproduction
Parmi les espèces planctoniques, certaines (Synchaeta par exemple) lâchent leurs œufs au sein de l'eau. Ces œufs flottent au gré des courants. Mais la plupart des Rotifères du plancton tels les Brachions, traînent leurs œufs qui restent accrochés à la carapace après la ponte. Dans une récolte de plancton on trouvera des ♀♀ portant un à six œufs. Ces œufs peuvent être de trois sortes :
- « gros » œufs grisâtres ;
- œufs gris plus petits (trois à quatre fois) ;
-gros œufs bruns, à coque épaisse souvent ornementée, parfois épineuse (œufs de résistance).
Pourquoi ces trois types d’œufs et à quelle nécessité correspondent-ils ?
Dans une population jeune vivant en milieu assez stable et trouvant assez de nourriture, il existera une forte proportion de gros œufs gris : la reproduction s'effectue essentiellement parthénogénétiquement, c'est-à-dire que les ♀♀ pondant des œufs sortent d'autres ♀♀ pondant à leur tour etc. la multiplication des animaux s'effectue sans intervention des ♂♂ et peut durer ainsi indéfiniment !
Mais chez de nombreuses espèces, après quelques générations parthénogénétiques, sous l'influence des variations de température, de nourriture, de longueur du jour, etc., va apparaître un deuxième type de ♀. bien qu'elles soient en tous points semblables aux précédentes, ces ♀♀ diffèrent par les œufs quelles peuvent pondre : soit les petits œufs gris à coque mince, destinés à s développer immédiatement en donnant des ♂♂, soit, si la femelle est fécondée par un ♂, les gros œufs bruns à coque épaisse. Ces œufs dits « durables », plus résistants que les autres, n'éclosent généralement pas immédiatement : ils permettent le passage d'une saison défavorable à l'espèce (hiver ou été) et donneront naissance, lors du retour de bonnes conditions, uniquement à des ♀♀ parthénogénétiques du premier type... et le cycle continue !!
Les Rotifères ne sont pas tous ovipares, au sens strict. Chez quelques esppèces (les grandes Asplanchna planctoniques par exemple) les œufs parthénogénétiques formés ne sont pas libérés dans le milieu extérieur mais incubés dans le corps de la mère. C'est seulement après l'éclosion que le jeune est explusé à l'extérieur et « l'accouchement » est parfois difficile : le dernier né peut fort bien rester prisonnier dans le corps de la mère morte et n'en sortir qu'après désagrégation des téguments... s'il en réchappe !
L'aquariophile reconnaîtra dans ce processus, l'ovoviviparité chez les poissons dits « vivipares ». en réalité il n'y a pas de contacts intimes entre la mère et le jeune ; il ne s'agit donc pas de viviparité vraie.
Le cycle de vie des Rotifères est aussi assez particulier : la ♀ de Brachion vit environ 10 jours à 20 °C. l’œuf éclot en 24 heures. La croissance est extrêmement rapide et l'animal commence à pondre un à deux jours après l'éclosion, au rythme de trois à quatre œuf en moyenne par jour. Après quatre à cinq jours la ponte diminue et s'arrête vers le huitième jour. On comprend aisément qu'à un tel rythme de reproduction, quelques ♀♀ pourront fournir rapidement une abondante population ! Mais il ne faut pas oublier que ce rythme (ainsi qu tout le métabolisme de ces animaux) dépend fortement des conditions extérieures, et qu'en particulier il diminue rapidement quant la température s'abaisse : il suffit de déplacer un élevage (ou une récolte) de la température ambiante d'une pièce à celle du réfrigérateur, pour s'en apercevoir !
râle pas , c'est pas fini !!!
Re: Qu'est-ce qu'un Rotifère ?
2012-11-17, 2:54 pm
Salut les amis , navré pour mon absence mais promis tyty sera bientôt de retour ...
J'ai vue quelque lien intéressant à développer sur un groupe de discussion allemand.
http://edis.ifas.ufl.edu/fa167
http://hatcheryfeed.com/article.php?id=193
à très bientôt
bye tyty
J'ai vue quelque lien intéressant à développer sur un groupe de discussion allemand.
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